Le temps de cuisiner
Le vendredi, parfois, je pose une question sur Instagram. Hier, elle concernait les oranges et l’envie éventuelle de les préparer. Il y a eu aussi une discussion récente sur les temps de préparation irréalistes indiqués dans les livres de cuisine. Pascale Weeks
-une des personnes à qui je fais vraiment confiance en termes de recettes- indiquait que c’était souvent une pression des éditeurs pour ne pas effrayer/décourager la personne qui lit.
Cela m’a fait réfléchir et repenser à un plat que j’ai préparé il y a quelques jours, extrait du livre très sympathique d’Elvira Masson et Jennifer Hart-Smith : « Mâche, noix, sardine & halloumi ».
Pour ce plat original et délicieux par ailleurs, le temps de préparation indiqué (pour 4 personnes) est 15 mn. On peut y croire à première vue car c’est une salade, c’est de l’assemblage mais la réalité, c’est que j’ai dû y passer près d’une heure je crois (je n’ai pas chronométré). En effet, il s’agit de :
- équeuter, laver, égoutter la mâche,
- essuyer et désarêter les sardines,
- casser les noix et torréfier les cerneaux (ajout personnel de la torréfaction),
- faire griller le halloumi,
- émincer du citron confit (que j’ai mis à la place de l’oignon)
- préparer la sauce (que j’ai d’ailleurs simplifiée).
Certes, les autrices sont sûrement plus efficaces que moi ! On peut paralléliser les cuissons et le reste, je doute fort cependant qu’on tienne les 15 mn.
Beaucoup de personnes ne souhaitent pas passer du temps en cuisine. En tout cas, pas au quotidien. Ou considèrent/constatent qu’elles n’ont pas le temps. Or, ne nous leurrons pas, il faut du temps pour cuisiner. Un minimum de temps comme le montre l’exemple ci-dessus, pourtant simple.
Il me semble important de redonner une valeur à ce temps. Que ce ne soit pas juste un temps stressé, tendu vers l’objectif de la préparation du repas mais un moment en soi. J’avais préfacé il y a quelques années avec joie un livre intitulé Cuisiner, c’est méditer. C’est une option d’être présente avec tous ses sens à ce qui se passe. Il peut s’agir aussi d’écouter de la musique, un podcast, la radio… faire de ce temps obligé un moment agréable et un peu moins une corvée.
Il s’agit aussi de trouver le moment opportun, éventuellement déconnecté d’un repas qui suit immédiatement. Sans aller jusqu’au batch cooking qui ne convient pas à tout le monde; on peut cuisiner à l’avance tout ou partie d’un plat, le préparer la veille ou le matin pour le soir, en préparer plus de portions, éplucher des légumes en avance, préparer une sauce, cuire des lentilles, …
Chaque personne a ses propres contraintes et ne dispose en général pas d’un temps illimité ! Je parle beaucoup avec les personnes que j’accompagne de cette question de la juste organisation (qui intègre aussi le temps des courses, de la collecte d’idées, …) qui permet de manger des plats plaisants, variés et sains au quotidien. J’ai déjà également organisé des ateliers en ligne à ce sujet.
Si cette question du temps de cuisiner vous intéresse ou vous préoccupe, merci de vos témoignages en commentaires et de m’indiquer vos éventuels souhaits que je renouvelle des ateliers.
Comme je suis d’accord avec vous! Lorsque j »innove une recette qui m’inspire, je la réécris avec mes modifications éventuelles et mes notes personnelles. Mais systématiquement, je rajoute au moins 15 min au temps de préparation conseillé. Faire à manger, c’est un moment suspendu dans le temps, le moment où l’on communie avec la nature. Je suis omnivore mais ce que je préfère, ce sont les légumes et intérieurement, je remercie toujours la nature d’être aussi généreuse.
@Anne merci beaucoup pour ce retour. Moi aussi, je note mes adaptations mais je réalise que je ne fais jamais vraiment attention au temps total que je mets, peut-être car je procède souvent par étapes ou pour plusieurs plats à la fois