Géraldine, Lili, Sophie, trois femmes de TACT !

Il y a quelques années, je me souviens avoir dit que, pour réussir dans un domaine quel qu’il soit, il fallait du talent, du travail et de la chance. ll y a quelques mois, j’avais été amusée de retrouver la même idée dans une interview de Dave et il avait utilisé une abréviation pour cela (c’est ma spécialité d’habitude !) : TTC : Talent Travail Chance. J’étais vraiment persuadée que c’est la somme des trois qui fait la « réussite » dans un domaine surtout professionnel, artistique… (la réussite, terme sur lequel on peut disserter bien sûr…).

Ces derniers temps, je me suis dit qu’un autre ingrédient compte aussi. Peut-être particulier à notre époque de communication, de transparence et d’émotion. Cet ingrédient, c’est l’Authenticité, d’où l’acronyme TACT : Talent Authenticité Chance Travail.

Il me semble que ces trois femmes, entre autres, illustrent cela et cumulent ces caractéristiques. Le hasard fait qu’elles publient toutes les trois un livre en cette rentrée : Géraldine Dormoy : Un cancer pas si grave, et Lili Barbery-Coulon : La réconciliation, deux livres de témoignage, et Sophie Fontanel : Nobelle, un roman. J’apprécie de les suivre sur internet et j’ai lu leurs livres. Je les ai beaucoup aimés.

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Géraldine Dormoy : Un cancer pas si grave

Je connais Géraldine Dormoy depuis plusieurs années, j’ai eu l’occasion de la rencontrer plusieurs fois et je la lis avec intérêt depuis longtemps. Elle a une plume subtile, plaisante, personnelle. Etant abonnée à sa newsletter, j’avais été touchée d’apprendre son cancer du sein, émue et admirative de son courage à se dévoiler dans ce moment difficile. J’ai été étonnée qu’elle me propose de m’envoyer son livre, c’était très gentil. Et je ne m’attendais pas à être autant captée par ce livre, que j’ai lu très vite. Le dévoilement de sa newsletter n’était qu’un tout petit bout de celui auquel elle se livre dans son livre. Ayant pris beaucoup de notes, jour après jour à partir de l’annonce de la maladie, elle raconte sa vie, la place du traitement, ses émotions, ses interrogations, ses comportements, ses crises alimentaires aussi, qui comblent des angoisses, pas forcément celles qu’on imagine (en lisant leur récit, je pensais forcément au travail d’apaisement que je fais avec mes patientes), tout cela de façon très franche et transparente. Son obsession de la minceur, impossible à déloger, ce qui montre la puissance incroyable de cette norme. Elle raconte surtout son évolution aussi. Comment cette maladie la fait regarder autrement sa vie, ses habitudes, ses priorités, ses relations aux autres et à elle-même. Aller finalement vers davantage d’apaisement et de recentrage sur l’essentiel. Je n’ai pas trouvé cela voyeur mais très intéressant et assez réconfortant finalement. Je comprends son souhait de donner un autre image de cette maladie tant redoutée que celui qu’on voit le plus souvent. D’où le titre un peu provocateur… J’ai souvent d’ailleurs une interrogation face à ce type de parcours de remise en question : est-il possible sans un événement déclencheur aussi marquant qu’une telle maladie ? Peut-être le parcours de Lili Barbery illustre-t-il une autre possibilité (pour ma part, j’ai l’impression d’avoir changé beaucoup sans traumatisme, suis-je une exception…?).

Lili Barbery-Coulon : La réconciliation

Je lis aussi Lili Barbery-Coulon depuis plusieurs années, j’apprécie beaucoup son blog, ses longs textes, son talent pour décrire aussi bien les beautés qu’elle découvre (paysages, artisans, objets…) que ses états personnels. J’ai eu le plaisir de la rencontrer à plusieurs reprises. Entre son dévoilement sur son blog et diverses interviews, je pensais avoir déjà un bon aperçu de son parcours. En fait, elle y revient plus profondément et longuement dans son livre, pour expliquer son parcours progressif et tous les ingrédients de sa réconciliation avec elle-même, qu’il s’agisse de la rencontre avec l’univers d’Olivier Roellinger, sa réflexion sur une beauté plus naturelle, la découverte du yoga kundalini dont elle a fini par devenir enseignante ou d’autres belles rencontres. Une des grandes qualités du livre, outre la sincérité qui s’en dégage, est d’éviter le monologue en ayant en contrepoint de chaque étape, un entretien avec une personne qui résonne avec le moment de ce parcours. Je ne sais pas si Lili est pleine de curiosité parce qu’elle est journaliste ou si elle est devenue journaliste parce qu’elle était curieuse ! Toujours est-il qu’elle pose des questions justes et essentielles. Parmi ces étapes, il y a la réconciliation avec la nourriture via en particulier sa participation à des réunions Weight Watchers. Lili explique bien ses expériences précédentes malheureuses avec cette entreprise parmi ses multiples régimes, la singularité de l’animatrice dans ce dispositif (également thérapeute). Il est tout à fait normal qu’elle soit aussi honnête sur ce sujet que sur les autres. C’est ce qu’elle a vécu. Néanmoins je ne peux m’empêcher de regretter une telle vitrine de cette entreprise de régimes (dont je constate bien souvent les échecs à répétition chez mes patientes, nombreuses à avoir expérimenté cette méthode). Lili est une autrice-blogueuse influente et je vois le risque d’envoyer de multiples femmes chez cette marque, pas forcément avec les mêmes résultats. Car combien y a-t-il d’animatrices aussi compétentes et bienveillantes que celle sur laquelle elle est tombée… ? A ce petit bémol professionnel près, j’ai beaucoup aimé ce livre. Même si chaque parcours est unique (il est toujours important de s’en souvenir), je crois ce livre peut être utile à de nombreuses femmes (et pas que…) qui s’interrogent sur ce qui crée un mal-être dans leur vie et les inciter à ne pas s’y résigner.

Sophie Fontanel : Nobelle

C’est fou comme internet peut être source de découvertes. Je n’ai jamais été lectrice du magazine Elle, sauf à de très rares occasions ponctuelles, où je vérifiais qu’il m’agaçait plus qu’il ne me distrayait. Je n’étais donc pas familière de Sophie Fontanel, même si je connaissais vaguement son travail. Je l’ai vraiment découverte sur Instagram et je me suis mise à la suivre avec bonheur. J’aime ses jolis jeux avec les mots, sa précision délicate pour dire les choses, son oeil ouvert à toutes les beautés, son mélange de futilité modeuse et de profondeur d’attention à l’essentiel. J’ai lu ses deux livres précédents, sans doute plus authentiques que Nobelle, roman. Quoique. Avec Sophie Fontanel, il y a forcément une part d’authenticité mais aussi une part d’invention de roman. Sans doute plus importante dans Nobelle ? J’ai acheté son livre pour son titre que je trouvais malin, pour les petits extraits qu’elle livrait sur Instagram et qui donnait envie de connaître la suite. J’ai beaucoup aimé ces quelques semaines de la vie d’Annette qui découvre son talent d’écriture. Et qui découvre d’autres bonheurs et cruautés de la vie. C’est écrit avec beaucoup de justesse et de délicatesse, et je l’ai dévoré avec joie puis avec regret que ce soit déjà fini… J’aurais aimé rester plus longtemps avec Annette et les autres.

Bref, vive la lecture !

Et vous, avez-vous fait de belles lectures récemment ?

Géraldine Dormoy, Un cancer pas si grave, éditions Leduc, 19,90 € (offert).
Lili Barbery-Coulon, La réconciliation, éditions Marabout, 17,90 €.
Sophie Fontanel, Nobelle, éditions Robert Laffont, 19 €.

2 réponses
  1. Cécile N
    Cécile N dit :

    Bonjour Ariane, je partage votre enthousiasme concernant le livre de Lili Barbery-Coulon. Un roman lu cet été que j’ai beaucoup aimé : La persuasion des femmes, de Meg Wolitzer, géniale auteure d’outre-Atlantique, drôle, grinçante et féministe ! À bientôt ! Cécile

    Répondre

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