Une semaine à 25 euros : Julie, strasbourgeoise à vélo

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Ariane Grumbach - L'art de manger

Une autre twitteuse tente le défi de manger pour 25 euros. Est-ce plus facile hors de Paris ? La parole à Julie :

J’ai 34 ans, je travaille comme documentaliste dans une association. Je suis mariée mais je vis seule à Strasbourg, célibat géographique oblige. Mon budget nourriture mensuel est de 300 euros. Je retire cette somme en liquide le jour où mon salaire est versé sur mon compte. Avec cette somme, je vais au supermarché de mon quartier, au marché les mardis ou les samedis matin en fonction de mon emploi du temps, et faire le plein de légumineuses, de produits cosmétiques et d’entretien bio discount dans une chaîne allemande, DM, puisque j’habite à 15 mn en vélo de la frontière.

J’habite dans un appartement de 30m2 avec un grand placard aménagé dans ma cuisine, ce qui me permet de stocker de la nourriture, et un balcon, où j’entrepose les légumes pendant la saison froide, mais en pratique, je n’ai qu’une semaine de nourriture d’avance, d’une part parce que je fais toutes mes courses à vélo, et que même s’il porte pour moi une grosse charge, je ne peux pas non plus y transporter deux semaines de courses et d’autre part parce que je déjeune sur mon lieu de travail de plats que je cuisine moi même et que je réchauffe au micro-ondes.

Fotolia_velo_©Stellers.jpg

Je ne crois pas que Julie ressemble vraiment à ça 😉

En général, chaque semaine, je dépense entre 30 et 40 euros en grande surface, et entre 5 et 12 euros au marché.

Manger une semaine pour 25 euros représente certes un défi puisqu’il s’agit de diminuer mon budget de 50%, mais en pratique, j’ai déjà pour habitude de faire attention à mon budget alimentaire. En effet, après un an de reprises d’études avec 30% de mon salaire en moins, et un sinistre dans mon appartement qui a été très mal couvert par mon assureur, j’ai eu plusieurs incidents de paiement qui m’ont obligé à repenser ma manière de dépenser mon argent. Je me trouvais toujours à découvert le 15 du mois et malgré une comptabilité attentive, je ne comprenais pas où se trouvait la faille. Je n’ai pas de charges fixes si lourdes que ça, et une fois mes comptes faits proprement, j’ai calculé qu’il devait normalement me rester plus de 200 euros en banque une fois toutes mes factures de consommation courante réglées. Depuis que j’achète ma nourriture en liquide, je vois mieux où passe mon argent, et les fins de mois sont plus saines, même si la dernière semaine se solde parfois par un triste “je n’ai plus que 20 euros, à moi de trouver comment manger bien et bon avec cette somme”. Il y aussi de bonnes surprises qui me permettent de m’offrir une douceur avec le liquide épargné !

C’est donc avec plaisir que j’ai accepté ce challenge.

Voilà les courses :

D’abord, les courses épiceries et produits frais

4 yaourts (je n’en mange pas le week end).

Pain

Bananes X6

Purée de tomate 3X200

Crème fraiche 20cl 

Penne 500g

Chocolat patissier 200g 

Buche de chèvre 

Brique de jus d’orange 1L 

Pois chiche en conserve 

Cela a fait un total épicerie et produits frais de 9.84 euros

Puis les courses fruits et légumes :

Un jus de pomme 25cl (pour le plaisir)

Pommes à croquer 1kg (1 par jour)

Pommes à cuire 2kg (théoriquement pour remplir 4 pots de 250g, on verra)(en vérité 1kg aurait suffi pour toute la semaine, je ne les ai pas toutes cuisinées !)

1 carotte (pour le dhal)

1 chou fleur (pour le dhal)(2,80 euros, il commence à devenir cher, c’est probablement le dernier dhal de la saison !)

Une salade verte (pour accompagner la quiche et les repas tartine)

½ chou vert (pour le chou farci au boulgour)

Une botte de persil (cadeau) (utile pour agrémenter la salade)

 

Voici avec tout cela ce qu’ont été mes menus.

Lundi soir : Pâtes + sauce crème fraîche ail graines, 0,77 euros

Mardi midi : Pâtes + crème fraiche, ail graines (reste)

Mardi soir : dhal de lentilles + riz

Mercredi midi : quiche poireaux/champignons/chèvre + salade verte (restes de la semaine précédente, préparation estimée à environ 2€)

Mercredi soir : soupe de poisson en conserves (2.50 euros la boite, achetée il y a deux mois en bretagne) + tartines de fromage (Deux belles tranches de salers et de cantal issues d’un montant total de 15€ de fromage d’Auvergne achetés la semaine précédente)

Jeudi midi : quiche poireaux/champignons/chèvre + salade verte (restes)

Jeudi soir : salade + omelette (4 oeufs)

Vendredi midi : dhal de lentilles + riz

Vendredi soir : Hoummous + tartines

Samedi midi : chou farci au boulgour

Samedi soir :  Hoummous + pâté vegan + tartines

Dimanche midi petit déjeuner tardif avec deux oeufs à la coque.

Dimanche soir : pommes de terre sautées et hoummous

 

Tous les matins 

1 banane 0.11cts              

2 tartines beurre, miel, confiture (sur 1 pain de 400g à 1.59 euros l’unité)

1 yaourt 0.19 cts

1 verre de jus d’orange 20cl 0.17 cts

1 mug de thé (non quantifié), soit un montant d’environ 0,80 euro.

En dessert chaque midi, en semaine :  une compote de pommes maison dans un pot à confitures.

 

Bilan de la semaine :

J’ai dépensé autour de 24 euros pour la semaine. Je continue à cuisiner maison, avec des légumes frais et que je fais attention à acheter à un producteur local au marché.

J’ai remarqué que quand je fais des courses sur les marchés parisiens, il est difficile de repérer les producteurs de la région des grossistes qui achètent à Rungis… à Strasbourg aussi, nous avons notre Rungis, le marché-gare, mais les producteurs régionaux mettent un “label” sur leurs étals pour informer le consommateur. C’est du volontarisme, la seule obligation légale est d’afficher l’origine de leur produits (Alsace, France, Espagne, etc.). Je choisis toujours des produits de saison, et quand je ne suis pas sûre (pour les salades, par exemple) je pose toujours la question au producteur. Ils sont honnêtes, on m’a par exemple fait cadeau de la botte de persil plat parce qu’il était du acheté en gros, et qu’ils n’en avaient plus de frais “mais les pousses primeurs arriveront dans trois semaines !”.

J’étais inscrite à une AMAP, mais les paiement par chèque était compliqué à gérer pour moi au niveau comptable, et aucune AMAP de ma région n’accepte le virement bancaire ou le prélèvement automatique. Le système des ruches avec le paiement à la commande est bien, mais malheureusement les quantités ou les tarifs restent trop élevés pour ma consommation. Je pense par contre qu’à partir de deux personnes dans le foyer, c’est très avantageux en plus d’être social et solidaire.

Et au final, j’adore aller au marché 🙂 J’espère que je pourrai continuer en venant vivre à Paris.

Il m’a été difficile de trouver comment remplacer mes pauses goûter de 10h et de 15h, habituellement des biscuits petit déjeuner qui coûtent 3€ le paquet de 8 même en sous-marque et qui pesaient inutilement dans le budget réduit. J’ai essayé de manger davantage le matin pour ne pas avoir de fringale mais ça n’a pas fonctionné (peut être que la nutritionniste pourrait me conseiller sur l’amélioration de mon petit déjeuner décrit plus haut*). Mon four est un appareil combiné qui n’est pas très performant en cuisson, et, de toute façon, je ne suis pas bonne pâtissière. J’ai croqué des pommes en désespoir de cause… L’autre solution aurait été de faire provision de muesli en Allemagne (1.50€ les 500g) et d’en emmener une ou deux poignées dans une boite hermétique.

Par contre, pour les desserts, c’est tout vu ! La préparation et la cuisson d’1kg de compote de pommes à 0.18€ le pot de 250g prennent ¼ d’heure tandis que 8 petits pots (15cl) de compote achetés en grande surface coûtent le triple ! En mangeant ces petits pots achetés par flemme et contenant sans doute beaucoup de sucres, je cherche toujours à retrouver le goût du fait maison. Je n’en achèterai plus, désormais je la ferai moi même pour ma consommation journalière pendant la saison de récolte et de vente des pommes !

En résumé, je renouvellerai probablement ce défi, mais étalé sur tout le mois. En avril, je vais essayer de dépenser 100€ de moins en produits alimentaires, 100€ à mettre de coté pour m’offrir autre chose 🙂

Bravo Julie pour le résultat et l’envie de recommencer. rendez-vous demain pour un bilan de l’expérience.

 

En prime, quelques exemples de coûts détaillés des plats :

Le dhal

1 chou fleur 2.80€

Riz 250g (4.9 le kilo soient 1.22€)

Lentilles corail 250g (3.5 le kilo soient 0.87€)

1 grosse carotte 0.37€

Une boite de concentré de tomates 200ml soit 0.40€

1CS de Curry (inquantifiable)(mais c’est du curry haut de gamme je crois que j’ai payé dans les 6 euros les 250g !!!)

1 yaourt nature 0.19€

soit 5.85 pour trois repas, donc 1.8 € par repas. 

C’est une recette que je fais depuis quelques semaines pour m’obliger à manger du chou-fleur et décorer un peu le riz et les lentilles qui sont la base d’une alimentation peu coûteuse et végétarienne (même si je les achète bio, ce qui coûte un peu plus cher) et je l’aime beaucoup ! En plus comme j’en fais toujours trois fois trop pour utiliser tout le chou fleur (qui ne se conserve pas bien frais et qui garde une drôle d’odeur une fois cuit) elle est particulièrement rentable.

 

La compote de pommes

1kg de pommes 0.75€ + 1 cs à soupe d’eau, 1 de cannelle, 1 de sucre (inquantifiables)

De quoi faire 4 pots à confiture de 250g soit 0.18€ par pot

 

Recette du chou farci au boulgour de quoi faire deux plats donc 4 repas = 1.56 par repas

½ chou vert 0.80

50g de boulgour 3.9 les 1000g = 0.39

1 buche de chèvre 1.49

 

Recette du hoummous = 1.01 mangé en trois repas = 0.33 par repas.

1 conserve de pois chiches 0.51

1 CS de tahin (inquantifiable)

1 CS de jus de citron (inquantifiable)

sel, poivre, persil

Total inquantifiable on va dire 0.50

 

*Julie, quand on vraiment une fringale en cours de matinée avec un petit déjeuner sucré, cela vaut la peine d’essayer un petit déjeuner plus riche en aliments sources de protéines : fromage ou jambon avec du pain par exemple. OK pour tester ?

 

Dessin © Steller’s – Fotolia.com

11 réponses
  1. reequilibre
    reequilibre dit :

    A propos des fringales dans la matinée, j’avais laissé tomber depuis longtemps sucre/confiture/miel le matin à cause de cela.
    Là j’ai trouvé mon équilibre avec 30 g de flocons d’avoine et 40 g de pain et beurre allégé, plus un fruit et une tisane sans sucre. Mais chacun doit trouver son équilibre (une amie me dit par exemple qu’elle ne digère pas les flocons d’avoine crus).

  2. nathalie
    nathalie dit :

    Je vois toujours un côté « régime »: haro sur les biscuits, et seulement de la compote de pomme pour le dessert !
    Et il semble bien, encore une fois, que le truc soit de supprimer la viande et le poisson. Mais pourquoi s' »obliger à manger du chou-fleur » ?

  3. Ariane
    Ariane dit :

    @reequlibre chaque personne est différente en effet, certaines sont très bien et tiennent avec un petit déjeuner sucré, d’autres ont plutôt besoin d’un apport d’aliments riches en protéines…
    @nathalie je ne vois pas en quoi manger de la compote de pommes en dessert serait « régime » : pour ma part, j’adore la compote maison et il n’y aucune sensation de privation en en mangeant, que du plaisir (je n’ai rien contre les biscuits non plus) ! Sur le chou-fleur, je préfère laisser Julie répondre…

  4. Julie
    Julie dit :

    Bonjour Nathalie,
    J’ai l’habitude d’acheter uniquement des légumes et des fruits de saison, chez des producteurs. Pendant la semaine du défi, voici ce qui était disponible sur les étails : choux (vert, blanc, frisé), chou fleur, poireaux (mais j’en avais déjà mangé la semaine précédente), et diverses varitiétés de carottes et de panais.
    Manger du chou fleur permet de redécouvrir ce légume (en dhal, c’est délicieux, mais j’aurais également pu le cuisiner en gratin).
    C’est très personnel, mais je ne pourrai pas acheter de courgettes ou de fraises au mois de mars, sachant qu’elles ne poussent pas encore dans ma région.
    Pour la compote de pommes, elle n’est pas du tout régime (j’ai même mis une touche de beurre dans la cuisson de la dernière compote que j’ai faite) et à vrai dire, je me passe souvent de dessert (gâteaux ou pâtisseries) parce que je n’ai aps le bec sucré.
    Haro sur les biscuits, vous avez raison, ils étaient chers, mais si mon four de cuisson était performant, j’aurais pu cuisiner un cake au yahourt, ou quelque chose d’équivalent. D’ailleurs je m’en passe désormais, parce que j’ai changé de petit déjeuner.
    Quand au truc de supprimer la viande et le poisson, ce n’étais pas par nécessité d’économie, parce que j’ai mangé une grosse portion de soupe de poisson assez couteuse, je n’en mange pas non plus tellement le reste du temps, parce que je n’aime pas beaucoup le goût (sauf la viande de boeuf et la charcuterie) et que j’ai du mal à la digérer. Je suis donc majoritairement végétarienne, plutôt active et toujours rassasiée 🙂

  5. Lauranie
    Lauranie dit :

    Très inspirant ce menu strasbourgeois, bravo ! Peut-être un poil monotone pour moi (impossible de manger tous les jours le même dessert, mais j’imagine bien les variantes de compotes aux épices ou avec des raisins secs).
    Pour les fringales, je me suis limitées au thé sans sucre main et aprem. Sinon, une bouteille d’eau de 50cl fait très bien l’affaire aussi pour couper la faim.
    Même si le mieux pour moi reste de croquer une dizaine de fèves de cacao : nourrissant et trop amer pour en abuser 😉

  6. Ariane
    Ariane dit :

    @Lauranie merci. Fringale, cela peut vouloir dire plein de choses. Si c’est une envie de manger, comprendre ce qu’elle cache. Mais si c’est de la faim, c’est on a besoin de manger donc ne pas chercher à masquer cela en buvant ! Et pourquoi pas des fèves de cacao alors en effet ou même du chocolat !!!

  7. Gui
    Gui dit :

    Bonjour Julie, pourriez vous nous donner (en gros hein!) votre façon de préparer le Dhal avec les ingrédients que vous listez ? ça serait très sympathique de votre part.

  8. nathalie (aussi)
    nathalie (aussi) dit :

    Juste une toute petite précision sous forme de boutade concernant le rapport prix du fait maison et tarif de l’industriel.
    Pour une comparaison au plus juste il ne faudrait pas chiffrer que la matière première mais également, et entre autre, la main d’oeuvre (le temps consacré) et la quantité d’énergie utilisé (gaz, électricité), etc ;-).
    Dans les années 70 le fait maison était largement plus rentable que le tout préparé. Aujourd’hui avec les cultures intensives généralisées, la robotisation des chaines de production et l’offre du prêt à manger ce n’est plus du tout le cas. L’industrie agro-alimentaire en hard discount propose des tarifs vraiment très bas que du fait maison, en coût total, aura du mal à concurrencer. Sauf si bien sur on privilégie des critères de qualité, de santé, de goût et de traçabilité.
    Je suis de ce combat même si mes compotes de pommes me reviennent un peu plus chères 😉

  9. Ariane
    Ariane dit :

    @nathalie franchement, en effet, je ne crois pas que les très bas prix des plats préparés puissent être de haute qualité… Et en terme de goût, rien ne vaut le fait maison !

  10. Viny
    Viny dit :

    Bonjour, la recette du Dhal m’interpelle aussi également! Serait-il possible de l’avoir « dans les grandes lignes »?
    cette expérience est très intéressante, elle me donne envie d’essayer également de payer systématiquement mes courses en liquides pour avoir une idée + précise de mon budget…

  11. Julie
    Julie dit :

    Bonjour à toutes et merci de vos remarques.
    Voici la recette du Dhal.
    Un chou fleur
    Une boite de concentré de tomates (il faudrait utiliser des tomates fraiches mais ce n’est aps encore la saison)
    25g de lentilles corail
    25g de riz
    Une cuillère à café de curry
    Je cuis d’abord le chou fleur à la vapeur, ensuite je l’incorpore avec le concentré de tomates et le curry.
    Je cuis ensuite les lentilles et le riz séparément.
    J’incorpore les lentilles et le riz dans un grand faitout avec le chou fleur et le concentré et je fais encore cuire 5 à 10 minutes en mélangeant.

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