Les chasseurs-cueilleurs, le mouvement et nous

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Ariane Grumbach - L'art de manger

Lors de la dernière Journée Annuelle Benjamin Delessert (colloque qui parle nutrition chaque année fin janvier), un prix a été remis à Chantal Simon*, chercheuse en nutrition, spécialiste de l’activité physique et de la sédentarité (et donc l’inactivité physique….).

Sujet pas vraiment nouveau, vous avez sûrement déjà entendu parler des méfaits de la sédentarité, des recommandations de marcher 30 minutes de marche par jour… Mais quelques éléments m’ont paru intéressants à partager.

D’abord le fait que nous sommes toujours des chasseurs-cueilleurs (comme il y a des dizaines de milliers d’années…). Pas dans nos activités et notre mode de vie bien sûr ! Mais dans le fonctionnement de notre organisme, oui. Ce que mettait en exergue la phrase que Chantal Simon avait retenue en introduction de son travail : « Une meilleure compréhension de nombreux problèmes de santé modernes émergera lorsque nous prendrons en compte le fait que la plus grande part de l’évolution humaine a eu lieu alors que nos ancêtres étaient des chasseurs-cueilleurs »...

J’avais intégré cette idée avec grand intérêt il y a plusieurs années en lisant le passionnant livre « Tous gros demain » de Pierre Weill. Mais la notion marquante et concrète que j’ai capté cette fois est que nous parcourons chaque jour en moyenne 16 km de moins qu’eux ! Autant dire que nos besoins alimentaires sont très très inférieurs aux leurs. Et année après année, la sédentarité augmente. On ne peut donc évidemment pas avoir des apports alimentaires similaires aux leurs, ni même à ceux de nos grands-parents ou arrière-grands-parents.

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Se déplacer pour sa subsistance…

Il nous faut écouter notre faim pour manger selon nos besoins plus modestes. Je vois ainsi beaucoup de personnes qui découvrent qu’elles peuvent manger beaucoup moins que ce qu’elles imaginaient, sans du tout s’affamer, mais au contraire en se sentant beaucoup mieux. Mais ce n’est pas forcément la panacée de ne faire que moins manger, car cela peut limiter nos apports en nutriments divers. Chantal Simon affirme que notre fonctionnement biologique n’est pas adapté à cette sédentarité et que cela explique une partie du développement des maladies actuelles.

Parallèlement, il est donc bon pour notre santé, notre tonus, notre bien-être, de BOUGER. Et pas besoin d’être obsédé(e) de sport. Pas besoin de pratique intensive ou de sport contrainte si on n’aime pas ça. Les travaux de Chantal Simon montrent que l’activité physique du quotidien est aussi bénéfique pour la santé et qu’il est surtout essentiel de diminuer la sédentarité. Nous sommes nombreux aujourd’hui à avoir des activités majoritairement sédentaires où l’on passe la journée assis sur une chaise. Si on y ajoute les transports, la télé, l’ordinateur, on limite fortement les occasions de bouger. Il serait bon d’en (re)trouver quelques unes…

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…ou pour le plaisir d’une balade en famille, c’est différent…

Aller faire quelques courses ou accompagner ses enfants à pied, faire un tour pour s’aérer après le déjeuner, faire des balades à vélo, jardiner, faire le tour de son quartier pour découvrir de nouveaux lieux, faire une partie de son trajet pour le travail à pied … ce sont tous ces « comportements de mouvement« , y compris la « simple déambulation » qui nous feront du bien. Et il y a un double effet : celui sur notre santé globale à long terme (sans certitude évidemment, les déterminants des maladies sont complexes…), comme cela est démontré par Chantal Simon mais aussi -il suffit de s’y mettre pour s’en rendre compte- une plus grande forme générale, un meilleur sommeil, moins de stress… A titre personnel, je me réjouis ainsi que ma vie de diététicienne me permette la plupart de temps d’aller travailler d’un pas alerte, un grand bonheur par (presque) tous les temps !

Et vous, quelle est votre meilleure façon de bouger ? En êtes-vous satisfait(e) ?

 

* Professeur en Nutrition à l’université de Lyon et médecin hospitalier au service d’endocrinologie, diabète et nutrition au Centre Hospitalier Lyon Sud

Visuels © Kovalenko Inna © marinezumi – Fotolia.com

15 réponses
  1. M.
    M. dit :

    Bonjour,
    Je trouve cette étude vraiment très intéressante… Étudier l’homme dans son évolution permet de comprendre beaucoup de choses et notamment qu’il n’y a pas un « avant » et un « maintenant » différents mais bien une évolution dont nous devons prendre conscience dans notre développement…
    Personnellement, je n’imagine pas une journée sans sortir prendre l’air ! Marcher, faire du vélo ou juste quelques choses est vital pour moi ! Cela me permet aussi de reposer mon esprit et de penser à toutes sortes de choses ! J’ai été éduquée avec l’amour de la nature et de la promenade et c’est naturellement que je pratique cette activité dans ma vie de célibataire !
    Quoi de plus agréable qu’une balade en forêt en famille ? 🙂
    « écouter sa faim », c’est vrai que ce n’est pas toujours facile à mettre en oeuvre… Les tentations, les incitations même sont parfois très présentes et déconstruisent nos repères… Et la dictature imposée par ces slogans censés nous aider n’apporte que du stress pour certains : « mangez 5 fruits et légumes par jour » + « 3 produits laitiers »……..
    Nous avons encore un peu de chemin à faire !! (en marchant, pas en voiture 😉 !)
    Belle journée à vous !

  2. Nutriac
    Nutriac dit :

    Merci pour ce beau sujet 😉 Pour moi aussi, l’activité physique c’est avant tous la marche (rapide !) pour mes trajets quotidiens et de belles balades en famille. J’ai passé des heures en Vélib’ quand j’étais à Paris…que je compte bien remplacer aux beaux jours par vélo + siège bébé. Et je suis aussi adepte des escaliers à la place de l’ascenseur et de la file de gauche de l’escalator…

  3. Fanny
    Fanny dit :

    ce billet me réjouit vraiment car je déteste le sport mais j’aime marcher, d’autant que j’habite au bord de la mer alors je déculpabilise et me sent beaucoup mieux !

  4. CosmicGirl
    CosmicGirl dit :

    Très intéressant.Pour ma part en dehors du sport, quand je n’ai pas les bras chargés je prends les escaliers au lieu de l’ascenseur, si je ne suis pas en retard (et pas de talons hauts!)je descends à la station de métro précédente: c’est déjà un bon début de nouvelles habitudes à prendre (et déjà s’y tenir sera une bonne résolution):-)

  5. Ariane
    Ariane dit :

    @M. bouger dans la nature, sûrement souvent plus agréable que bouger en ville, profitez-en. Et écouter sa faim, en effet, pas si facile, mais on y arrive peu à peu, en comprenant ce qui fait manger sans faim.
    @Nutriac vive le mouvement selon ses goûts et son mode de vie !
    @Fanny ah les promenades en bord de mer, oh oui un bonheur, pas une corvée !
    @CosmicGirl bravo pour ces habitudes de mouvement qui, une fois installées, deviendront sûreemnt naturelles
    @Sylvie merci d’approuver 🙂

  6. Martine
    Martine dit :

    Ah Ariane, vaste sujet encore que de comprendre vraiment ce qui fait manger sans faim!
    Sinon, je fais du sport dans une petite salle ouverte récemment par une de mes anciennes prof d’ une « salle-usine »…et ça me convient bien mieux. Je marche avec mes chiens, dans un parc ou au bord de la mer,car j’ai tout cela à portée de jambes!

  7. nathalie
    nathalie dit :

    L’article cité précise bien que les recommandations, d’efficacité prouvée sur la santé, sont de 150 mn d’activité modérée à intense par semaine (clairement davantage que la promenade au parc le dimanche); devant les difficultés à faire appliquer ces doses, on espère qu’un petit peu de mouvement soit significativement mieux que rien du tout, mais on n’en sait encore trop rien.
    Pour ma part j’essaie de remplir mon quota en faisant de la gym à la maison avec des videos trouvées sur Internet. C’est vraiment une formule qui me convient, à l’abri des regards, un coût minimum, pas de contrainte horaire et surtout pas de prof qui me regarde d’un sale air. Avant j’ai essayé des tas d’activités collectives différentes sans jamais réussir à terminer l’année.
    Je me demande si le sport au lycée ne contribue pas à dégoûter pas mal de femmes de l’activité physique : ricanements des autres, mauvaises notes, prof qui crie… En tous cas c’est le souvenir que j’en garde.

  8. Ariane
    Ariane dit :

    @Martine de la marche, du sport, au bord de la mer en plus, c’est top. Ecouter sa faim, on peut commencer de temps en temps puis essayer de comprendre ce qui fait qu’on ne le fait pas toujours : habitude, machinal, stress, fuite des émotions… C’est le travail, pas toujours facile certes, que je fais avec mes patient(e)s…
    @Nathalie bravo pour cette formule maison si elle vous convient. Et en effet, le sport véccu à l’école n’est pas forcément le plus incitatif à continuer… Concernant le mouvement, les travaux de Chantal Simon montrent justement qu’un peu de mouvement, pas forcémeent intense, c’est mieux que rien du tout : l’important, c’est de s’y mettre, d’y prendre goût et d’avancer à son rythme

  9. Amélie-Maroe
    Amélie-Maroe dit :

    En entrant à la fac, j’ai « oublié » le sport.
    Quelques années plus tard, mal dans ma peau, dans ma tête, fatigue chronique.
    Une copine me dit « allez viens, on va à la piscine ». Depuis, je ne m’en passe plus ! Mais ce n’est pas seulement la piscine, c’est un peu de tout. Découvrir une autre activité physique, se promener, faire de la danse, un peu de gym, s’essayer au yoga. Alors j’encourage tout ceux autour de moi, mais c’est parfois un peu difficile de les motiver !
    Au Japon, la conscience du besoin de s’activer est assez forte, elle inclut aussi tous ces gestes quotidiens: marcher, jardiner, s’occuper de la maison. Si vous vous levez aux alentours de 6 heures du matin dans les quartiers tranquilles, vous croiserez fréquemment des groupes de marcheurs de tous âges ! En parallèle les occasions de faire du sport sont assez nombreuses (du moins dans la capitale), que cela soit les salles de sport ou les piscines. Le club de sport est aussi un lien social très important, débutant dans l’enfance, et se poursuivant assez souvent à l’âge adulte. Enfin n’oublions pas le vélo, ce mode de transport très prisé en Asie !

  10. Marion
    Marion dit :

    @Amelie-Marie :
    Merci pour l’inspiration venue du Japon ! Allez marcher tôt le matin ? Bonne idée quand, comme moi, on ne se réveille jamais après 6h30. Pourquoi n’y avais-je pas pensé plus tôt ?

  11. Ariane
    Ariane dit :

    @Amélie-Marie merci pour ce témoignage venu de si loin et qui permet de découvrir avec joie votre blog !
    @Marion ravie que vous ayez apprécié ce conseil, et je suis sûre qu’une marche de bon matin peut permettre d’éclairer la journée

  12. Bonheur du jour
    Bonheur du jour dit :

    Quel article intéressant ! Je vais le faire lire à plusieurs personnes… Merci.
    Quant à moi, je marche tous les jours, de 20 mn à 50 mn. Soit je marche avant de partir travailler, soit en sortant du travail (je fais un long détour pour rejoindre ma voiture), soit en arrivant à la maison (je pars me promener avant d’entrer à la maison pour ne pas être tentée de ne pas ressortir….). Par contre, je ne prends que très rarement les escaliers…
    Bonne journée.

  13. Ariane
    Ariane dit :

    @Bonheur du jour merci, ravie que cela vous intéresse et continuez à marcher ainsi, c’est bon pour le corps et la tête 😉

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