Pourquoi mincir vite… si c’est pour regrossir ?

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Ariane Grumbach - L'art de manger

Je reçois beaucoup de personnes qui ont fait de nombreux régimes. A chaque fois, perdant du poids puis le reprenant, souvent avec quelques kilos supplémentaires. Mais replongeant souvent malgré cet échec. Parce que se présente un nouveau régime séduisant. Séduisant car il promet une perte de poids RAPIDE.

En effet, à partir du moment où l’on a pris la décision de mincir, bien souvent, on voudrait que le résultat soit immédiat. On garde en tête l’expérience de régimes précédents, les 3 kgs qu’on a perdus la première semaine, … en oubliant la suite. Ou en se disant, c’était de ma faute, j’ai manqué de volonté…

Mais pourquoi perdre du poids aussi vite si c’est pour le reprendre après quelques mois ? Est-il si difficile de se situer dans une perspective un peu moins immédiate ? Qui ferait peut-être perdre du poids un peu moins vite mais surtout, et n’est-ce pas l’essentiel, ne pas en reprendre ? Et stabiliser un poids, un corps avec lequel on se sente bien ?

Faisons ainsi une petite comparaison.

Prenons deux personnes qui ont pris du poids et veulent perdre une dizaine de kilos, en passant de 70 kilos à 60 kilos environ, ce qu’elles pesaient avant.

Imaginons la personne A qui va suivre un régime restrictif (pas ci, pas ça, pas de féculents le soir, presque pas de matière grasse, un « écart » par semaine, …). Elle applique cela sérieusement, perd du poids assez rapidement, parvient au poids qu’elle souhaitait au bout de 3-4 mois, et même un peu en-deçà : 58 kilos. Oh, elle est ravie, elle se sent bien, elle arrête le régime puisqu’elle a atteint son objectif.

Imaginons la personne B qui décide de changer sa façon de manger sans régime. Elle réapprend à écouter sa faim, à manger de tout en variant son alimentation. Parfois, elle mange trop, elle met un peu de temps à comprendre ce qui se passe, elle travaille à changer des habitudes bien ancrées, à ne plus utiliser la nourriture comme compensation. Cela lui parait long, après 3-4 mois, elle n’a perdu « que » 1 kilo ou 2. Elle est tentée d’abandonner. Mais elle persévère car elle ne voit pas d’autre solution et peu à peu, elle se met à perdre du poids doucement.

Regardons ce que cela donne sur un an.

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Au bout de 3-4 mois, la première avait atteint son objectif, la seconde en était encore loin. Mais quelques mois plus tard ?

La première a arrêté son régime, repris ses habitudes antérieures, remangé tout ce dont elle s’était privée. Peu à peu son poids remonte, elle est stressée, elle mange de plus en plus, ne sait plus s’arrêter, s’en veut de gâcher ses efforts, culpabilise.

La deuxième ne se décourage pas même si elle aimerait que cela aille un peu plus vite. Elle continue et peu à peu, après presque un an, arrive au poids souhaité en ayant vraiment changé sa façon de manger.

C’est un peu l’histoire du lièvre et de la tortue, non ? Mais en plus le « lièvre » n’arrive pas après la tortue mais repart à zéro, malheureusement.

Je vous raconte cela car j’en vois sans cesse, des victimes du mirage des régimes. Malheureuses. Et pourtant, même parfois après avoir commencé un travail avec moi, tentées de s’y remettre. Alors que prendre son temps, même un an (la durée varie selon les personnes), est-ce tant que ça quand on est fâché(e) avec la nourriture depuis 15, 20, 30 ans ?

19 réponses
  1. ColombeVintage
    ColombeVintage dit :

    Bonjour,
    Fidèle lectrice de votre blog, je ne le commente pas souvent.
    Il se trouve que je suis dans la situation de la personne B. J’ai pris 7 kg il y a un an suite à des circonstances personnelles très stressantes.
    J’ai décidé de ne pas faire de régime et d’écouter ma faim. Et de me peser le moins souvent possible. C’est long, tout n’est pas parfait car parfois je ne suis pas assez à l’écoute de mes sensations, mais cette semaine j’ai mis un pantalon qui depuis un an me boudinait, et pour la première fois il est pile comme il faut, pas trop serré ni trop large.
    Et le bonus, c’est que je grignote moins, parce que je ne m’interdis rien.

  2. Virginie
    Virginie dit :

    Bonjour Ariane,
    Je suis également dans le cas de la personne B.
    Pour un témoignage rapide, j’avais fait un régime avec un nutritionniste étant ado. J’avais bien perdu, puis la rentrée est arrivée, les repas au self, les stress des examens, etc. Forcément j’ai tout repris et même plus !
    Un jour, bien des années plus tard, en voyant mon poids sur la balance, je me suis dit : « là, stop ! ». J’ai d’abord commencé par réorganiser mon alimentation, tout simplement en prévoyant mes menus à la semaine, de manière à avoir un équilibre sur la semaine. Et en effet, il faut persévérer car les résultats ne sont pas là tout de suite. Mais au bon d’un moment, cela paye ! J’ai fini la fin de mon « régime » en me faisant aider pour améliorer encore certains points. Mais aujourd’hui, si j’ai repris 2/3 kg, mon poids est stable depuis plusieurs années. Peut-être est-ce celui qui convient à ma morphologie aussi :-).
    Je rejoins donc Ariane, la patience paye plus que vouloir aller trop vite 😉 !

  3. Geneviève
    Geneviève dit :

    Bonsoir,
    Persuadée du bien-fondé de votre conseil, j’ai eu des variations importantes de poids dans les 7-8 années passées. J’avais « mon poids de forme » il y a 2 ans, avec beaucoup de marche… J’ai repris depuis quelques mois 4 ou 5 kgs et… ils me pèsent (si je peux m’exprimer ainsi).
    Je mange ce que j’ai envie de manger, en acceptant les « craquages » mais en observant ce qui se passe (1ère étape de Zermati).
    En fait, j’adorerais être suivie, aidée par quelqu’un comme vous mais j’habite la province! Alors je prends patience…

  4. annick
    annick dit :

    J’adore ce billet. Une éloge de la lenteur qui ne serait pas une perte de temps…!! Mais oui , bien sur, dit la nana( cad moi) qui deux mille cent cinquante douze fois au moins voulait des résultats avant l’été, avant Noel, avant je ne sais plus quoi… ( Non ça ne marche pas comme ça,c’est un fait intégré si je puis dire pour moi) Prendre son temps , c’est prendre le risque d’observer ses petits travers ( pourquoi je mange, pourquoi je remange, qu’est ce je trouve d’intéressant aux plats très nourrissants moi qui n’a jamais connu la famine, bref s’observer, ressentir , sans se juger mais toutes ses observations sont bien utiles pour , au fil du temps, modifier des comportements peu adaptés à la perte de poids) Et tout ça prend du temps Alors l’éloge de la lenteur , je savoure !

  5. Sandra de Habitudes-Sante.com
    Sandra de Habitudes-Sante.com dit :

    Merci Ariane pour ce super article !
    C’est vraiment un défi en consultation d’expliquer à nos patients que « rapide » n’est pas forcément « efficace » ! C’est souvent une déception et un gros travail sur tout le plan personnel et non pas un focus exclusif sur le poids ou l’alimentation comme beaucoup pense..
    Je partage l’article en tout cas! 🙂

  6. Ariane
    Ariane dit :

    @Geneviève, continuez à avancer dans le « zermatage » 😉 Merci @Elodie en effet, je recommande souvent d’aller consulter l’annuaire du GROS : les fondements sont les mêmes même si chaque praticien a sa personnalité et son approche un peu particulière

  7. Lola
    Lola dit :

    Chouette billet, qui me touche beaucoup. Je partage !
    Je m’efforce d’être la personne B, même si psychologiquement je relève bien plus encore de la personne A. Mais cette fois, l’envie de m’apaiser me colle à la peau, j’ai décidé de faire fi des petits égarements et de viser le long terme.
    Encore merci, sincèrement, de ces mots.

  8. Isabelle
    Isabelle dit :

    Je suis aussi dans le cas de la personne B depuis… quelques années.
    Après une prise de poids importante en quelques années étudiantes puis après, j’ai un jour commencé à « faire attention » sans vraiment de régime mais un changement d’habitudes alimentaires (plus de protéines, moins de féculents, de sucre) et j’ai perdu 10 kilos sur les 25 pris en environ 2 ans. Là j’ai décidé de m’y mettre plus sérieusement et depuis le début de l’année, j’ai perdu 8 kilos supplémentaires. J’ai de grandes périodes de paliers, je reprends assez facilement 2 kilos lors d’excès que je reperds en une semaine en reprenant mon alimentation « normale » maintenant, et la courbe continue à descendre doucement. Dans l’idéal, j’aimerais encore en perdre 5 mais je sais qu’il me faudra être patiente. Après tout, je n’ai pas de date butoir, et le bien être physique et moral qui en résulte vaut la peine que l’on se donne.

  9. Ronde
    Ronde dit :

    Bonjour !
    Il m’a fallu du temps pour le comprendre. Des années d’obésité, de malbouffe, des régimes à foison. Aujourd’hui, je perds du poids, assez rapidement ceci dit (1 kg/semaine) depuis quasiment un an 🙂 Je mange juste à ma faim, équilibré, en me faisant plaisir, en n’ayant rien supprimé de mon alimentation. Ca m’a pris du temps mais j’ai compris ce qui n’allait pas…
    Je laisse mon poids se stabiliser et on verra par la suite…

  10. Laetiti
    Laetiti dit :

    Argh, si seulement vous étiez en province (Gard) ! Pas de praticien formé au gros dans mon coin :-(.
    J’ai donc appelé plusieurs diététiciennes en leur demandant quelles étaient leur methode de travail. Je sors d’une consultation avec une qui travaille sur les émotions et le retour aux sensations (faim, dégustation, satiété,plaisir…).Ça sonnait bien, mais son réflexe premier à été de me « prescrire » un régime avec des quantités d’aliments et un beau script pour chaque repas ! Je lui avait pourtant dit souffrir de restrictions cognitives et de compulsions alimentaires suite à un régime! mais Elle n’avait pas écouté ma demande et était sidérée des quantités que je pouvais manger (alors que c’est le propre des compulsions, non ?).
    J’ai affirmé ma position et réitéré ma demande, à savoir travailler sur les émotions et me reconnecter à mes sensations. Ça l’a pas mal déboussolée, mais elle m’a écouté.
    Je ne sais pas ce que donnerons les prochains rdv car elle semble débuter dans cette approche.. Mais j’espère que d’échanger sur mes difficultés m’aideront à lâcher prise sur la culpabilité alimentaire et être EN-FIN capable de respecter mes signaux de faim.

  11. Ariane
    Ariane dit :

    @Laetiti merci de votre intérêt, suis assez étonnée car en effet si l’on travaille sur les sensation et les émotions comme les membres du GROS, on ne prescrit pas de régime et de repas type ! Bravo à vous d’avoir insisté et j’espère que cela va aller mieux, sinon, cherchez ailleurs… La relation de confiance est une bonne part de la réussite à terme… Sinon, si vous venez à Paris, faites-moi signe : après une consultation en face à face, on peut continuer par téléphone 🙂

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