Non au « sans sucre » ou à l’excès de sucre, oui à la gourmandise !

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Ariane Grumbach - L'art de manger

Comme je le disais jeudi, je mange du sucre, j’ai toujours mangé du sucre et je n’ai ni problèmes de poids ni de santé, je suis en pleine forme. Et je suis loin d’être la seule dans ce cas. Alors pourquoi diaboliser le sucre ?

Ce n’est pas une tendance nouvelle mais j’ai l’impression qu’elle a pris de l’ampleur récemment avec plusieurs livres sur le sujet, des émissions de télé et radio, des articles… Le sucre cumule contre lui les partisans du « sans », les faiseurs de régime, les soucieux des risques d’obésité et de diabète…. Et pour le défendre, on trouve souvent…la Collective du Sucre. Pour ma part, je ne suis liée à personne !

Tous les enfants ou presque aiment la douceur du sucré. J’ai souvenir d’avoir toujours aimé les gâteaux mais de ne jamais m’en être gavée. Vers l’adolescence, j’ai arrêté définitivement de mettre du sucre dans les yaourts, thé, café, ce qui permet de mieux apprécier leur goût réel. J’ai toujours apprécié les desserts et le chocolat mais pas les goûts trop sucrés.

Nous cuisinons, nous achetons peu de produits industriels. Je fais des desserts, des gâteaux, vous le voyez sur ce blog. Quand je fais une salade de fruits ou une compote, je ne la sucre pas car le sucre de fruits mûrs suffit largement.

Comme je l’ai déjà dit, je suis contre les excès : trop de sucre ou pas du tout, mais pour une voie du milieu dans ce domaine aussi.

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Mais je ne suis pas forcément représentative. Beaucoup de personnes achètent quantité de plats industriels avec présence de sucre, mangent des dessert très sucrés, consomment des quantités de pâte à tartiner, boivent des sodas à longueur de journée, se réconfortent par la nourriture… la bonne réponse est-elle pour autant d’arrêter complètement comme l’a fait la journaliste de Elle, Danièle Gerkens ? Je n’en suis pas sûre. Arrêter peut aider à prendre du recul sur ses habitudes, ce que j’ai dit dans un entretien pour l’Express, mais cela dépend de son profil : il vaut mieux être relativement tranquille avec la nourriture car sinon, cela peut au contraire créer frustration et craquage.

Je préfère travailler selon les 4 C dont j’ai déjà parlé :

– Constater : observer sa façon de manger, et la place qu’occupe le sucre, éventuellement en tenant un carnet alimentaire : sucre brut dans le café, le thé…, desserts, gâteaux, biscuits, sodas, plats industriels…

– Comprendre pourquoi on mange ainsi : est-ce par habitude personnelle ou familiale, par goût de la saveur sucrée, pour compenser du stress, se réconforter quand ça ne va pas, … Pour cette étape, on peut éventuellement faire une pause (pas forcément longue ou extrême) dans sa consommation de sucre pour repérer les moments où on en a vraiment envie, pour sortir de comportements machinaux, pour réaliser qu’on n’est pas « addict »… Mais ne surtout pas culpabiliser si on ne s’y tient pas à 100%.

Changer : une fois qu’on a constaté la place du sucre et compris pourquoi elle est ainsi (étapes qui me paraissent préférables à un arrêt pur et dur), on peut agir sur les bons leviers : être davantage conscient de ce qu’ l’on mange, diminuer sa consommation de plats industriels, varier les desserts en se déshabituant de trop de sucre, apprendre à accueillir ses émotions, trouver d’autres moyens de décompresser… (même Danièle Gerkens raconte que, lors d’un pic de stress pendant son année sans sucre, elle n’a pas pu résister à l’appel du chocolat…). Il n’y a pas de réponse unique, tout dépend de la place et du rôle du sucre pour chacun. 

Je trouve préférable d’acheter des produits bruts et de cuisiner mais ce n’est toujours possible pour tout, tout le temps. Alors, si on achète des produits industriels, on peut jeter un coup d’œil aux étiquettes si c’est un produit dont on n’a pas l’habitude, avec quelques règles simples : ne pas acheter par exemple de biscuits dont le premier ingrédient serait le sucre, laisser de côté des produits où le sucre n’a aucune raison de se trouver (plat, salade…), éviter tous les sucres qui ont des noms barbares (sirop de glucose-fructose…) et rester que ce qu’on connait.

Pour certains, une part d’éducation alimentaire serait nécessaire pour donner quelques repères. Je me souviens par exemple d’une personne qui appelait yaourt toute crème dessert : ce n’est pas exactement la même composition… Et comprendre que le mieux, c’est de cuisiner pour savoir ce qu’on consomme.

D’ailleurs, lors de l’émission Service Public sur le sujet, j’avais écrit ce tweet : « On mélange diabolisation du sucre et alimentation industrielle. La réponse n’est pas la privation mais de CUISINER du brut ». Et Danièle Gerkens avait eu la gentillesse de répondre : « Merci de résumer si bien ce que j’ai mis 400 pages à expliquer : produits frais de saison + cuisine maison » ! Finalement, on est à peu près d’accord, mais il lui fallait peut-être une année sans sucre pour en arriver là (et faire un livre qui cartonne…).

– Consolider : une fois qu’on a changé ses habitudes, on vérifie peu à peu qu’elles sont bien installées et adaptées à différents contextes : vacances, sorties, moments de stress, environnements variés…

 

En résumé :

mangeons de tout, laissons une place pour les douceurs, et si elles occupent trop de place, il est d’abord important de comprendre pourquoi. C’est ce qui permettra un changement durable.

18 réponses
  1. Elodie
    Elodie dit :

    Encore une fois un discours plein de sens et de raison !
    Merci Ariane, je vous suis toujours, même si j’ai moins le temps de participer à la vie de votre blog.
    Dernière douceur sucrée : un cheesecake au citron (maison bien sûr !), assez peu sucré car comme vous je n’aime pas les desserts trop sucrés, partagé avec des amis, car je crois que c’est comme cela que les gourmandises s’apprécient le mieux !

  2. Lucie
    Lucie dit :

    Bonsoir Ariane,
    J’ai retiré les sucrés rapides de mon alimentation pour deux mois (6 semaines se sont écoulées) et je n’ai pas vu de changement considérable. Je pense que la raison est que, comme vous, je ne consomme presque aucun produit industriel, je prépare mes propres desserts et je n’ai pas la main lourde sur le sucre.
    Je me suis dit qu’une cure sans sucre est plutôt intéressante pour les personnes qui mangent principalement des produits transformés, non?

  3. sophie
    sophie dit :

    Quelle bonne idée cette histoire des 4C, et oui en effet il est toujours question de demi mesure 😉 on essaye comme on peut, mais c’est vrai que parfois pas facile de rester rigoureux niveau alimentaire!!! #teamgourmandes

  4. La semaine d'une gourmette
    La semaine d'une gourmette dit :

    Je mets un demi sucre dans mon café, mais je ne sucre ni mes thés divers et variés, ni mes yaourts, et je mange peu de desserts. Par contre je tiens à mon carré de chocolat après le repas de midi, et quand par hasard je mange un gâteau ou un biscuit, je le veux pur beurre pur sucre, pas de margarine, d’aspartame ou autres horreurs ! J’ai toujours été effarée, à l’époque ou nous employions des jeunes filles au pair (nous en avons eu 13) que rigoureusement toutes ces jeunes filles, minces ou grosses (et elles étaient presque toutes minces) mangeaient de yaourts « light » édulcorés artificiellement. Après le départ de la dernière, j’ai jeté les deux yaourts light qui étaient au frigo…

  5. Crilinne
    Crilinne dit :

    Je suis plus bec salée que sucrée ! Mais le sucre est important pour moi dans l’équilibre de mon alimentation faisant du sport tous les jours ! Je suis complétément d’accord avec ton analyse . J’ai suprimé dans le café du matin depuis très longtemps mais la confiture sur ma brioche oui . La semaine c’est yaourt ou fruit et gâteau le dimanche midi le plus souvent maison ! Très peu de sodas , je suis eau plate toute la journée . Pas de chocolat je n’aime pas sauf Nutella pour les enfants de temps en temps . Même si j’achète du tout fait c’est du tout beurre , du bon sucre jamais de light ni o% . J’essaye au maximum de cuisiner les produits bruts . Je suis une adepte du marché où je passe plus de temps qu’au supermarché . Quand je fais une prise de sang les résultats sont bons donc je ne voie pas pourquoi je devrais enlever ou changer mon alimentation . Je n’ai pas de soucis de poids .

  6. Sonia
    Sonia dit :

    Il y a quelques mois, on m’a diagnostiqué une intolérance au fructose, sucre présent dans les fruits, la majorité des légumes, le sucre de table (saccharose) et bien sur le fameux sirop de glucose-fructose. J’ai donc dû éliminer totalement ce composant de mon alimentation pendant un mois. Outre les effets sur mon état de santé, cette expérience m’a permis de mettre en évidence le fait que j’ai besoin du sucre dans mon équilibre et plaisir quotidien (je rejoins La Semaine d’une Gourmette: j’ai du mal à me passer d’un ou deux carrés de chocolat!), mais pas autant que ce que j’imaginais. Conclusion de l’expérience: malgré toute l’attention je porte à mon corps et mes besoins ou envies, je ne me connaissais pas si bien que ça!

  7. Tomme Cruise
    Tomme Cruise dit :

    Moi qui avais juré à 20 ans de ne plus jamais me priver de quoi que ce soit (après une adolescence compliquée par rapport à la nourriture), je réfléchis à cette histoire de sucre. En fait, c’est surtout l’argument de l’énergie retrouvée (et de la disparition du SPM), mis en avant par plusieurs personnes ayant arrêté presque complètement le sucre qui me travaille. Du coup effectivement, j’ai bien envie de faire une « expérience »… Mais comme je n’en consomme pas énormément au départ, je suis un peu dubitative quant aux effets foudroyants du test.
    Et oui, vous avez raison de souligner cette histoire de sérénité vis-à-vis de la nourriture : je crois que je suis à peu près sereine, n’empêche, il y a 3 ans lors de ma grossesse, l’endocrino qui me suivait et qui était également diététicienne m’avait fortement déconseillé de manger du sucre (en m’expliquant que ça faisait l’effet d’une bombe de glucose au foetus), et en sortant de là, je ne rêvais que d’une chose : une grosse religieuse au café !
    Bref, si je me mets à rêver de macarons au chocolat, j’arrête l’expérience immédiatement.

  8. Ariane
    Ariane dit :

    Lucie, comme je le dis dans mon billet, c’est en effet une expérience qui peut être intéressante pour prendre du recul sur son alimentation, à condition de ne pas avoir une relation trop perturbée à l’alimentation

  9. Ariane
    Ariane dit :

    merci Sophie et je dirais que ce n’est pas une question de rester « rigoureux » mais de se connaitre, s’écouter et prendre soin de soi…

  10. Ariane
    Ariane dit :

    Bravo pour ces envies de « vrais » ingrédients et si on pouvait enfin d’arrêter le light ! Outre la phobie des calories que cela entretient, aie le contenu : quand je fais des interventions sur l’étiquetage alimentaire, je montre une étiquette de yaourt light aux fruits, c’est assez édifiant !

  11. Ariane
    Ariane dit :

    Comme je le dis plus haut, cette expérience peut être intéressante pour comprendre sa relation au sucre et identifier sa présence dans les produits mais le risque, c’est qu’elle crée des envies encore plus grandes : plus on se prive, plus on pense à l’aliment… donc on modérer sa consommation ou s’observer plus attentivement sans forcément tout arrêter

  12. Fateam
    Fateam dit :

    Bonjour Ariane,
    Je cuisine pratiquement tous les plats que nous dégustons à la maison. Cependant, avec un emploi du temps chargé (je travaille aussi), je n’ai pas le temps de faire le pain et les gâteaux du goûter de mes enfants.
    Pour le pain, tant pis. Soit nous prenons la tradition dont la composition est connue, soit du pain bio lorsqu’il y en a.
    En revanche, dans les gâteaux du goûter, je suis très très ennuyée : je ne peux pas leur donner des petit-beurres tous les jours au risque de les lasser; et les autres gâteaux ou biscuits ont des compositions qui me laissent perplexe. J’ai appris à repérer le sirop de glucose-fructose (siiii répandu), mais les autres ingrédients aux appellations mystérieuses?! Parfois, lorsque je vois sodium, j’essaie de me rassurer en me disant que c’est du sel, mais les autres?
    Ma fille est un vrai bec sucré. J’ai eu beau la restreindre (je ne lui ai jamais acheté de bonbons, mais du chocolat), il y a toujours une « bonne âme » pour lui offrir des bonbons ou même des boîtes de bonbons. Et là, tout ce que je pensais avoir mis en place s’écroule.
    Tout en écrivant, je me fais la réflexion que je ne lui propose pas cet aliment parce que je pense qu’au vu de sa composition, il est nocif pour elle. Mais suis-je en train de lui faire passer un message erroné sur la nutrition en le lui déconseillant fortement ?
    Pour finir, je classerais également certains yaourts et crèmes desserts dans la catégorie des produits industriels : sous des abords « marketing santé », la liste des composants est longue!

  13. Ariane
    Ariane dit :

    @Fateam sur l’étiquetage alimentaire quand on doit acheter des produits industriels, que ce soit des yaourts et des gâteaux, j’avais donné quelques conseils ici : https://www.arianegrumbach.com/archive/2012/02/23/faut-il-lire-les-etiquettes-alimentaires.html
    Sinon, pour le goûter, il y a l’éternel pain/barre de chocolat de mon enfance. Ou pourquoi pas faire des gâteaux maison où vous savez ce que vous mettez et les congeler par portions ?
    Ne culpabilisez surtout pas, l’éducation alimentaire est difficile, il ne doit pas y avoir d’interdit mais de règles, elle peut par exemple, manger des bonbons mais en certaines quantités ou à certaines occasions : les interdire serait les diaboliser et en donner encore plus envie…

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