Mincir n’est pas une question de volonté !

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Progressivement, je vais reprendre quelques épisodes de BCBT Le Podcast sur ce blog. Ici, il s’agit du 4e épisode, toujours disponible sur les plates-formes de podcast.

Je voudrais parler de la volonté. Ce mot qu’on utilise si souvent quand on parle du poids, de mincir, de régimes, etc. Je voudrais notamment m’adresser aux personnes qui utilisent ce mot, qui vous disent que vous manquez de volonté, qui insistent tellement qu’elles finissent par vous en convaincre. Ces personnes qui disent que la volonté suffit, qui croient que c’est simple. « T’as qu’à faire attention », « t’as qu’à manger moins », « t’as qu’à faire du sport », « t’as qu’à te mettre au régime »… Ces personnes qui parlent de leurs copines, leurs collègues, leur belle-sœur, qui, elle, a fait preuve d’une grande volonté pour perdre du poids. Arrêtez de les écouter ! C’est beaucoup plus compliqué que ça, la question de pourquoi on grossit et comment on peut mincir.

Pourquoi grossit-on ?


Il y a des personnes qui sont grosses pour des raisons génétiques et qui devront vivre avec ça. Mais, en réalité, c’est très rare, et souvent on confond ça avec des habitudes familiales. On peut grossir pour des raisons de santé, un dérèglement de la thyroïde, un syndrome des ovaires poly-kystiques, des pathologies qui agissent sur le métabolisme. On peut aussi grossir du fait de traitements médicamenteux, certains anti-dépresseurs ou traitements hormonaux.

On grossit parfois parce qu’on était très sportive, très active, et soudain on arrête toute activité et on continue à manger comme avant sans s’en rendre compte. On grossit parfois par habitude familiale ou effet de l’éducation : on mange de grosses portions parce que tout le monde le fait, on mange beaucoup parce que c’est considéré comme un signe de bonne santé. On finit son assiette parce qu’on est obligée de le faire. On grossit en mangeant trop car on a peur d’avoir faim trop vite. Peut-être parce qu’on a connu une faim désagréable dans une période difficile, ou lors d’un régime strict.

On grossit en mangeant trop parce qu’on a développé un lien émotionnel à la nourriture, on l’utilise pour se réconforter, pour s’apaiser quand ça ne va pas, parfois en quantité importante ou trop souvent. On grossit aussi parfois parce que consciemment ou inconsciemment on cherche à se créer une protection avec un corps gros.

On grossit parfois parce qu’on n’ose pas s’affirmer par rapport aux autres alors qu’on n’a pas le même appétit qu’eux. Parfois aussi on grossit parce qu’on veut faire des repas absolument équilibrés, et ils sont du coup trop copieux parce qu’on essaye d’y mettre toutes les catégories d’aliments. On grossit parfois par souci d’égalité avec son ou sa conjoint·e, on veut manger pariel sans avoir le même appétit.

On grossit évidemment beaucoup par l’effet yo-yo des régimes successifs qui entraîne stockages et craquages.

Bref, dans tous ces exemples de prise de poids, il n’est pas question de manque de volonté, mais de toutes sortes de circonstances, qui font qu’on va absorber plus de calories que l’on en dépense.

D’ailleurs, certaines femmes qui viennent me consulter me disent : « Je ne comprends pas, j’ai beaucoup de volonté dans tous les domaines de ma vie, j’arrive à atteindre mes objectifs, mais pas pour la nourriture, je n’arrive pas à contrôler… comment ça se fait ? ». Deux réponses à ça. D’abord, je le répète, manger d’une certaine façon, atteindre, maintenir un certain poids, ne passe pas durablement par la volonté, vu les déterminants complexes qui sont en jeu. Ensuite, parfois, justement, plus on se met de pression dans les divers domaines de sa vie pour atteindre des objectifs ambitieux, plus on a besoin d’une soupape. Et cela peut être de se lâcher sur la nourriture, comme d’autres le font sur d’autres produits. Quand on est épuisée par des efforts permanents, fatiguée par des journées hyper chargées, ça n’est plus possible de contrôler en plus sa façon de manger.

Mincir autrement

Donc, arrêtons avec ce refrain de la volonté ! Si vous avez besoin de mincir, ne partez pas dans cette voie. Qu’est-ce que vous pouvez faire alors ?

D’abord, peut-être que vous avez un poids normal mais que vous n’êtes pas heureuse avec votre silhouette. C’est du côté de cette insatisfaction qu’il faudra creuser. Et apprendre progressivement à vivre en paix avec votre corps.

Si vous avez des kilos en trop et qu’il vous paraît important de mincir – moi je n’oblige personne à mincir, si on se sent bien dans son corps quel que soit son poids – il faut d’abord comprendre pourquoi. Pourquoi avez- vous pris du poids ? Relisez tout ce que j’ai listé plus tôt. Ensuite, demandez-vous ce que vous pouvez gagner en perdant des kilos. Et peut-être, réfléchissez aussi à ce que vous risquez de perdre. Car parfois, on ne s’en rend pas forcément compte, il y a des bénéfices à rester grosse. Cela peut être une protection, une sécurité, une tranquillité, ou une sorte d’excuse pour ne pas entreprendre certaines choses.

Je me souviens de certaines patientes, objectivement absolument charmantes, mais totalement persuadées qu’elles étaient incapables de séduction avec leur silhouette, et qui du coup s’empêchaient d’entreprendre toute recherche de nouvelle relation, remettant cela à « plus tard », toujours plus tard.

Essayez de penser en termes d’envies, de bien-être, de plaisir, de liberté, pour vous donner une direction que vous désirez atteindre, qui est importante pour vous. C’est ça qui vous permettra d’avancer, et pas « la volonté ». D’ailleurs, j’ai lu récemment des résultats d’études qui montraient bien justement qu’on ne change qu’avec une dose de plaisir, et non par la contrainte.

Je précise quand même que ne pas faire appel à la volonté ne signifie pas que c’est forcément facile de changer. Parfois, des femmes qui me consultent ont renoncé aux régimes, à la discipline associée, à cette question de volonté, et du coup elles pensent que tout va être facile et immédiat. Alors que je n’ai pas de baguette magique !

Comprendre, agir, changer, peut être complexe. Il ne s’agit pas de volonté, mais il faut parfois du courage pour aller voir ce qu’il se passe en soi, pour comprendre son fonctionnement émotionnel. Et aussi de la persévérance ! Pour prendre le temps de défaire des habitudes, des réflexes, des croyances bien ancrées, pour ne pas se décourager quand le chemin est parfois un peu chaotique.

Pour revenir à la volonté, je vous suggère donc de répondre posément, si on vous en parle, que ce n’est pas une question de volonté. Si vous faites plutôt partie des personnes qui sont promptes à la critique et aux conseils, essayez d’arrêter la pression que vous mettez. Arrêtez de juger, essayez plutôt de comprendre, de faire preuve de bienveillance. Et arrêtez de croire que les personnes grosses ne savent pas comment manger ou ne sont pas conscientes de leur situation, et des inconvénients qui vont avec.

La relation à la nourriture est éminemment complexe et personnelle, acceptez-le !

Visuel bandeau Mohamed Hassan 

2 réponses
  1. La semaine d'une gourmette
    La semaine d'une gourmette dit :

    En ce qui me concerne, j’ai grossi à la ménopause (chirurgicale et donc brutale en ce qui me concerne). En gros, je mange moins (si je compare à ce que je mangeais il y a 20 ans, je mange presque la moitié je pense), et je pèse 20 kilos de plus. Je refuse de faire des régimes (j’ai vu ma mère, qui avait le même problème que moi, faire le yoyo et finir bien plus grosse que moi). Je fais du sport. Alors… Quoi ?

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    • Ariane Grumbach
      Ariane Grumbach dit :

      @lasemainedunegourmette bonjour, il m’est tès difficile de vous répondre précisément sans vous connaître, il est possible ceci-dit que cette ménopause provoquée et son impact hormonal aient déréglé votre métabolisme et l’aient rendu beaucoup plus économe…

      Répondre

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