Les ados et la minceur : apparence, urgence, souffrance

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Ariane Grumbach - L'art de manger

Fotolia_regime2.jpgJ’ai été très triste il y a quelques jours de ne pouvoir aider une jeune fille venue avec sa souffrance. Elle était vraiment charmante. Elle avait quelques rondeurs sans excès et celles-ci étaient surtout dues à une alternance de régimes stricts et de lâchages. Elle rêvait de revenir au poids le plus bas qu’elle avait connu, soit une perte de poids de 6 kg mais n’y arrivait pas car elle craquait sans cesse sur des aliments « interdits », enfermée dans le cercle vicieux privation/craquage/culpabilité/mal-être/re-craquage.

Je lui ai proposé de travailler sur une pacification de son comportement alimentaire, qui lui permettrait de revenir à son poids d’équilibre. Je ne pouvais prédire combien de temps cela prendrait. Or, l’urgence était pour elle de perdre ces kilos en à peine un mois pour enfiler ses maillots de bain taille 36 pour les vacances. L’éventualité d’aller à la plage avec ces rondeurs lui était insupportable. Cela peut paraître futile mais elle était vraiment très mal. L’adolescence est le moment où l’on est le plus sensible émotionnellement à son environnement. Et où l’on a du mal à se convaincre que l’apparence extérieure peut être différente de la norme. Elle avait quand même une dose de bon sens et d’écoute des besoins de son corps car elle avait tenté le fameux régime du Dr D dont j’ai parlé récemment et elle avait arrêté après 2 jours !

Finalement, nous nous sommes séparées car je n’apportais pas la solution miracle attendue. Je vois trop les dégâts des régimes après un certain nombre d’années pour pouvoir en prescrire. Mon petit espoir serait qu’il lui reste peut-être dans un coin de sa tête l’idée d’écouter sa faim et de manger avec plaisir. Comment en arrive-t-on là ? J’y ai vu une triple responsabilité : celle de son père qui l’avait mise au régime à 8-9 ans, celle de la société qui nous impose la minceur à tout prix, la sienne quand même un peu pour ne pas vouloir entamer un travail pour rehausser son estime d’elle-même qui lui permettrait de voir sa valeur au-delà du seul physique.

Je poursuivrai à la rentrée mes ateliers, notamment celui pour les ados, que j’appelle « Boycottez le premier régime ! » pour les inciter à ne pas entrer dans cette spirale sans fin.